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Mon cœur d'acier pleure l'irradié abracadabré en In-car-né à l'assaut des galaxies

  • Mag. Tramoy
  • 6 avr. 2018
  • 5 min de lecture

C'était le 11 avril 1986. Mon tout premier concert en conscience. Avec mon oncle Rémi et ma tante Brigitte, avec Catherine et Jean-Luc, avec Cédric. Cette année-là, 1986, j'avais poursuivi, toujours en famille, avec Thiéfaine et Renaud... Cette année là, le Grand Jacques montait sur scène avec Diabolo, son harmoniciste, qui a laissé son empreinte diabolique dans ma mémoire. Plus tard, déjà journaliste, j'étais retournée le voir, le 26 octobre 2000, pour un concert majestueux, interminable. Fin de millénaire. J'avais écrit, le 1er novembre, après 5 jours d'écriture nocturne impatiente, insatisfaite, urgente, un article qui n'était jamais paru. Le voici aujourd'hui cet article. Intact comme est intact ce concert mémorable dans mon esprit. Jacques Higelin s'était fait attendre ce soir-là. Nous l'avions appelé, hélé. Nous lui avions chanté « Frère Jacques, dormez-vous », ce qui l'avait fait arriver de fort bonne humeur. Higelin, comme je l'ai déjà dit, est un de ceux qui m'a appris à rêver éveillée. Un de ceux qui m'a appris à rester éveillée aussi. Parce qu'il n'y a rien de plus important que de rester éveillé.


1/11/00

Rendez-vous avec un ange

Ou qu'est ce qui fait en toi, Jacqui Gelin... ? (oui, je sais, je suis nulle en titre)

Le 26 octobre 2000, Jacques Higelin se produisait sur la scène de l'Opéra-Théâtre de Besançon, dans le Doubs. Emotions, humeurs et humour étaient au rendez-vous. Et l'ange s'est envolé vers d'autres étoiles, laissant derrière lui un p'tit goût de r'vienzy.

Des rêves plein les yeux

Je quitte la salle avec un goût doré

Dans la bouche,

Frère Jacques ne dormait pas

« Pas besoin, moi je rêve éveillé »...

La première chose qui doit être soulignée, et tout d'abord rappelée, c'est qu'à l'Opéra-Théâtre de Besançon la circonscrite, on a généralement mal au cul. « Ah ah ! Vous vous êtes laissés coincer dans ces fauteuils ! » Alors qu'est ce qui fait en toi, Jacques Higelin, que nous, public, n'ayons pas eu mal au cul ce soir ?

C'est peut-être que Jacques Higelin, il compose avec nous. « Bonjour Baisontins et Baisontines. » Qu'André Signe soit percingué du Z vengeur d'un Zorro acrobate, qui de quais en boucles, remet à sa place l'accroc aux sens. Sans complaisance, l'alchimiste nous met dans sa poche et nous emmène au Paradis.

Il chante. Il chante de la voix d'un diable comme on aime qu'il nous divertisse, en rejetant l'exorcisme du temps qui passe. Il chante de sa voix qui vous parle, un murmure au creux de l'oreille ou un cri entonné qui s'assène, voilé de milles baisers et merveilles.

Il chante, le poète-musicien. Le saltimbanque ne s'appelle pas Pierrot, il s'appelle Jaco . Chez lui, le soleil et la lune se sont donnés rendez-vous. Ô pas pour des prunes ! Ô non ! Simplement sans détours.

Il joue du piano assis à danser sur son cul. Il gratte sa 6 cordes, « on the rock », sans frime, sans fard, sans pile, sans faille. Du piano à bretelles en souriant aux étoiles. Il aime regarder en l'air. Fréhel et puis l'amour. Ô Jacquot, comment nous fais-tu toucher le sentiment du bout de tes doigts?Le baladin tombé du ciel pour qui le terrien trépasse de bonheur vous met de la joie au fond du cœur. Un bonheur perceptible, saisissable qui se diffuse tout autour de nous et qu'on a envie de lui consacrer follement.

26 octobre 2000. Vesontio, « Toi qui fus de César la cité favorite », accueillait en tes rocs un ange. Lumière ! « Ville émérite », « où pointe (les) guérite(s) », l'hidalgo s'est pointé ce soir-là, « azuré d'indigo ». L'angélus Higelin a sonné au seuil de tes secrets. Le Grand Saint André, tout déculotté, est entrée dans l'éclat d'un regard luciolé. Higelin persiste et Signe.

Un angelin, ça n'a pas d'âge, ça n'a aps de sexe. Quoique. De ses yeux émerveillés de lutin espiègle à l'affût de la druidesse, Higelin aime les gens et les gens le lui rendent bien.

Hume cet instant. Hume le bien. Son voile d'espoir sur les triques et les trocs de la vie.Sens le investir ton corps. Oh sens le bien ! Il n'y a que le nez dans la vie. Et si t'as un grand nez, t'as des chances d'avoir de grands doigts. A cet instant, au risque de vous plaire, c'est à lui tout seul qu'il éveille en vous l'appel de la nature... humaine.

Elfe maître de la vie. Barde du monde. Inclassable parmi les inclassables. Ô Jaco ! Qu'est ce qui en toi déclenche tant de liesse ? Qu'est ce qui en toi réveille l'ivresse et le goût du combat ? Qu'est ce qui en toi donne envie de veiller tard, et puis d'aller prendre un verre à une terrasse flamboyante ? Qu'est ce qui en toi donne envie de chanter à tue-tête ? On va gagner l'Eurovision, tu crois ? Moi je crois.

Dong !

Se mêle alors le son miraculeux du Dr Mahut, maître es « tape-tape » venu du fin fond des âges galactiques pour rencontrer la voix douçacidulée du païen Higelin. Mahut dévore tout. La télé, le canapé, les hostilités... la femmmmme. Après il digère, et vous demande de vous taire !? Lumière ! Mahut s'efface et se congasse.

Et le soleil se lève sur la brume d'un regard assassin, mais la lune de sa plume lui caresse la main. Un moment cmme ça, il faut le garder instact. Il donne le courage de vivre un nouveau matin taquin. Repartir, errant, de matins en chemins, réaliser ses rêves.

Toujours à en vouloir, toujours un peu plus. Mais le poète s'en est allé. Fatigué mais heu-reux. Son public est allé... on ne peut plus le quitter. Il n'y a pas de mots sauf heu-reux. Ça tombe bien, ça fait deux.

« Des rêves pleins les rêves

Ils quittent la salle avec un goût doré

Un goût d'étoile ensoleillée

Dans la bouche. »


Je n'ai pas de photo de ces soirées avec le Grand Jacques. Sans doute une photo de presse qui doit traîner dans mes cartons professionnels de cette année 2000. Et encore, elle serait déjà enfermée précieusement dans cet album improbable où j'emprisonne tous les souvenirs de ces soirées que je voudrais revivre, et qui me restent en tête comme si elles se déroulaient encore et encore, sans fin. De fabuleux souvenirs. Une mémoire qui n'avait pas le temps d'être gâchée par un téléphone portable qui nous rend de toute façon moins réceptif à ce qui se passe sur scène. Mon souvenir intact, ma mémoire, mes disques... Il va me manquer.... enfin, ces gens là ne nous manquent jamais vraiment parce qu'ils sont éternels et leurs disques permettent cette transgression mystique. « Appelle-moi ! Appelle-moi ! Où que tu sois, je t'aime ! »


 
 
 

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