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Gonza Live : Rockin' hurricane in my mind

  • Mag. Tramoy
  • 2 avr. 2018
  • 7 min de lecture

Scorpions, Zénith Omega Toulon, mercredi 28 mars 2018

Sac violet spécial concert : check ! Paracétamol, pastille pour la gorge : check ! Je suis malade comme une libellule qui aurait assouvi ses rêves de patineuse artistique, mais coûte que coûte, j’irai à ce concert. Scorpions ! Sans déconner ! Plus de 50 ans de bons et loyaux services, les types sont toujours là. Vaillants ? On verra. Go ! 200 bornes d’autoroute, c’est pas le bout du monde. La journée est magnifique, ensoleillée, et en plus, un vieux pote a enfin accepté mon billet orphelin et m’accompagne dans l’aventure !


J’avoue que depuis des mois, depuis le 29 décembre 2017, date à laquelle j’ai eu en ma possession le précieux sésame pour ce concert, je me demandais bien qu’est-ce que ça pouvait donner un concert de Scorpions en 2018. Les nombreux tubes planétaires ont exclusivement été des ballades, le dernier album est un album de ballades... Les ballades de Scorpions, j’aime bien, mais un concert entier de ballades, non ! Moi ce que j’aime chez Scorpions, c’est Black Out, Virgin Killer, Love at first sting...

Out in the streets

The dogs are on the run

The cats are all in heat

Out in the streets

Snakes are all around you

Dirty rats are on their way

They control you and they'll make you play

(Bad Boys Running Wild, 1984)

... les solos de psychopathes, les rythmiques scrupuleuses et la voix haut perchée au timbre presque métallique si particulier de Klaus Meine. Tout le monde me rassure : “Nan mais Mag, Scorpions c’est Scorpions quand même, c’est un groupe de hard !” Ouais ben les mecs ont 70 ans et ont fait leur fond de commerce sur la ballade sirupeuse. De sublimes ballades, c’est vrai. De toute façon, je suis devant cette salle. Avec mon pote qui veut absolument aller faire un tour en ville, à 2,5km de là, à pied, alors qu’il est 18h30, que les portes ouvrent à 19h et que les trois files d’attente sont déjà énormes ! Nan mais ça va pas !

Un Zénith de 8000 personnes n’est pas si impressionnant qu’un Zénith de 25000 personnes. Les organisateurs ont dû couper le lieux en à peu près deux, j’estime la jauge à 4/5 000 personnes. Les concerts de hard n’attirent plus tant que ça. Mais l’ambiance est fun, comme à chaque fois. Ici, tout le monde te sourit, tout le monde te parle, tout le monde est zen et content d’être là, ça fait du bien. Ici, pas d’envie de fumer qui me prend en plein concert, je cherche ma place idéale. Au bout de quelques minutes, je m’installe, à deux ou trois rangs de la barrière sur la gauche de l’avancée scénique qui emmènera plus tard les musiciens jusqu’au milieu de la fosse. Parfait !


20h tapante, c’est Vandenberg’s MoonKings qui ouvre les hostilités. Le combo est efficace. 4 musiciens qui nous replongent dans un rock très 70/80, aux envolées volontairement lyriques qui nous ramènent aux meilleurs compos d’antan. Un bassiste au visage juvénile, Sem Christoffel, très souriant, très métal nous intime l’ordre de rester libre. Tranquille, très heavy, il parcourt la scène à la manière des géants. Le guitariste n’est pas n’importe qui : Adrian Vandenberg, excusez du peu, guitariste soliste de Whitesnake, a créé Moonkings en 2014. Il revient aux sources en quelque sorte, puisqu’en 1982, il avait déjà fait la première partie d’un Schenker, Mickaël en l’occurrence. Découvreur de talents, compositeur, il se fait pourtant discret, ne vient pas nous voir très souvent sur notre côté gauche, mais en même temps, une demi-heure de show, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour dire bonjour à tout le monde. Il a été subjugué par Jan Hoving, le chanteur aux airs de Robert Plant, tant dans l’attitude que dans la voix. Le fermier a séduit le rockeur. Quand Adrian Vandenberg cherchait des musiciens pour jouer ses compos, il a préféré se tourner vers la scène hollandaise, pour des raisons pratiques. Il a trouvé ses perles et ne veut s’en séparer pour rien au monde. Il dira à la Grosse Radio en 2014 qu’ils sont ses préférés parmi tous ceux avec qui il a joué jusqu’à maintenant. Il a découvert Sem et Mart Nijen-Es, le batteur, dans un télé-crochet, quand ils avaient treize ans. Mart “ jouait comme un noir de 50 ans, avec beaucoup de groove. Maintenant, il est grand musclé et couvert de tatouages. Pareil pour le bassiste.” Prestation rapide mais convaincante, absolument convaincante !


Really Crazy World Tour

Drivin' down to the city Doin' 155 Better late than never I'm more dead than alive We can find the Titanic Put a man on the moon But we can't fix out backyard Man we better start soon

Le rideau bleu zébré d’éclairs se baisse. Un de mes compagnons de fosse se prend dans la gueule une baguette de batterie jetée négligemment par un roadie dans la foule. Il saigne. Pas de quoi appeler les pompiers, même si quelques uns appellent les pompiers quand même. Souvenir mémorable d’une Chantal Goya attentionnée qui s’inquiète du léger ru de sang qui dévale le front bombé de son voisin. Quelques ovations pour les groupes qui nous font patienter dans les enceintes de la salle, AC/DC, Metallica... plus loin, voici venu le moment tant attendu. Scorpions débarque. La salle se remplit d’un brouhaha au son de la vidéo qui défile sur l’écran géant. On ne sait d’où sortent vraiment les musiciens. Lunettes noires, le show entre dans le vif du sujet. Rudolf Schenket est juste devant moi. Waouh ! La bouche grande ouverte, le chapeau de cow-boy vissé sur la tête, le guitariste cache son regard derrière ses lunettes noires mais il ne cache pas sa joie. Blouson à clous ou à squelette, le ton est donné. Klaus Meine et Rudolf Schenker ont 70 balais au compteur ! Ah bon ? Bien sûr, la voix est moins puissante, mais c’est la même, la même intensité, le timbre unique. Alors, que Matthias Jabs et Rudolf Schenker baisse la tonalité de leurs accordages ou qu’ils changent la fréquence de leur La, peu importe, on retrouve ici comme chez Accept, comme chez Moonkings, le sourire. Le sourire du gars qui est là pour prendre du plaisir et te donner du plaisir.


Le show s’étend sur deux heures. Un Mikkey Dee, ex-batteur de Mötörhead, exceptionnel ! Le gars est un électron libre. Derrière son énorme batterie, il mène le show de main de maître, assénant un solo de 20 minutes sans broncher, suspendu dans les airs. Sa toute petite tête qui sort de derrière les toms pour inciter le public à hurler encore plus fort est jubilatoire. L’hommage à Lemmy est loin d’être larmoyant. Il est pulsif ! Energique. Pawel Maciwoda a intégré le groupe depuis 2004. Pawel vient du jazz-rock. Son jeu ? Brut, puissant, carré. Le duo rythmique de cinquantenaire, autant dire des bébés, fonctionne. Quand le groupe passe au moment “ballade”, Mikkey rejoint Pawel au sol, sur l’avancée scénique, munit d’une minuscule batterie sur roulette. Leur présence stabilisante pour les trois musiciens originels donne une profondeur vraiment subtile, comme s’ils portaient à bout de bras les monstres sacrés, entre discrétion et emphase. Pour le reste, à quoi bon vous raconter le show, à quoi bon vous parler des chansons que vous connaissez par coeur ? Peut-être si, la beauté, l’émotion causées par une salle entière de 4000 personnes qui chantent Still loving you à l’unisson, ça n’a pas de prix. Oui je sais, Still loving you, c’est le tube des années 80, la ballade (je sais ce que j’ai dit sur les ballades, je ne suis pas sénile), le single le plus vendu en France en 1984, mais c’est la chanson de mes premières amours adolescentes, autant dire un des trucs le plus intense qui peut nous arriver dans une vie d’humain. Alors comment ne pas se mettre à hurler les paroles intégrales de Still loving you, dont tu t’aperçois avec surprise que tu les connais encore par coeur alors que tu ne les a ni écouté ni chanté depuis au moins 25 ans... Jabs, Schenker, Meine...


Klaus Meine dira en début de concert que l’ambiance à Toulon lui rappelle celle des années 70/80 et que ça lui fait un bien fou. C’est un beau compliment. Parce que quand on y regarde bien, un public aime tout autant qu’un artiste qu’on le complimente. Que l’artiste, prunelle de ses yeux et aussi précieux que ses tympans, reconnaisse l’intensité de la façon dont il soutient ces joyaux qu’il est venu applaudir. Il y a toujours une osmose. Un lien particulier et collectif, une connexion intense presque inhumaine ou plutôt un truc qui se passe dans notre cerveau


dont personne n’a pris encore la peine d’expliquer le fonctionnement. Toujours est-il que le concert de rock génère cette connexion de milliers d’inconnus, et que Scorpions n’a pas failli à la règle. J’avais peur d’être déçue. Mais putain ! Pas du tout ! L’émotion était tellement intense, j’ai reconnu ce mercredi 28 mars 2018 ce que je ressens de plus intense en concert. C’est très intime comme ressenti, les larmes qui fusionnent, l’envie de hurler qu’accompagnent les hurlements des guitares, l'envie de communier avec tout ce qui vous entoure, les papillons dans le ventre qui remontent en vague jusque dans le coeur... peut-être même qu’il n’existe pas de mot. L’effet “champ magnétique”. Que les Scorpions ne s’inquiètent pas, ils ne seront jamais oubliés. Je n’aime pas me dire que c’est peut-être la dernière fois, la vie est si éphémère, si fragile, mais une chose est sûre, Scorpions sera éternel. Rendons aussi hommage à l’esprit. Un esprit qui nous rappelle que le hard rock, le rock métal sont bien plus souvent des hymnes à la paix, à la tolérance, à l’humanisme, à la protection de la terre... qu’on ne le croit. Ces hommes (et femmes), ces artistes, vivent pour nous, pour la musique, pour notre bonheur. Ne nous arrêtons jamais de leur rendre hommage.


© Mag. Tramoy (texte et photos)

 
 
 

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